Décathlon des JO 2024 : Kevin Mayer renonce à disputer l’épreuve, « si je ne suis pas compétitif, ça ne sert à rien » (2024)

Depuis qu’il s’est écroulé au-dessus d’une haie au stade Charléty, à Paris, le 7juillet, le rêve olympique de Kevin Mayer paraissait bien lointain. Ce que tout le monde pressentait déjà a été officialisé, jeudi 1^eraoût: le décathlonien a déclaré forfait pour les Jeux de Paris. L’avant-veille, il en avait appelé au «miracle». Dieu n’a a priori pas été réceptif aux malheurs du double vice-champion olympique en titre. L’Eglise n’aura pas à procéder à la reconnaissance publique dudit miraculé.

Le Français ne s’alignera donc pas au départ du 100m, première des dix épreuves du décathlon olympique, vendredi, au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Les chances tricolores reposeront sur les larges et solides épaules du jeune Makenson Gletty, 25ans et tout récent médaillé de bronze européen.

Kevin Mayer n’a pas déjoué les pronostics de la médecine. Après un ultime test qu’il s’est accordé, jeudi matin, sur la piste dionysienne, le Drômois a pris la décision de ne pas jouer une inutile prolongation. Pas question d’un psychodrame, en direct et en mondovision. «Lors du test, tout le monde a été choqué par ce que je suis arrivé à faire au vu de ma blessure, a-t-il lancé en fin d’après-midi au Club France. Mais j’étais encore loin de pouvoir sprinter à 100%. A fond, c’est sûr que ça allait péter. Je ne suis pas là pour me donner en spectacle. Si je ne suis pas compétitif, ça ne sert à rien d’aller sur la piste.»

Une lutte contre son corps

La décision a été prise dans la journée, après un rendez-vous chez le kiné, un bain froid de récupération, une séance de méditation, une sieste et une discussion avec son entourage et le directeur de la haute performance à la Fédération française d’athlétisme, Romain Barras. «J’ai été dans le flou pendant trois heures. J’y ai cru jusqu’au bout. Dès que j’ai pris du recul, j’ai su que ça ne le faisait pas, a-t-il déclaré. Mes objectifs étaient de faire vibrer le public par mes performances, pas de vibrer grâce au public.»

A Tokyo, lors de ses troisièmes Jeux, le champion français, recordman du monde de la discipline, avait combattu la douleur tout au long d’un décathlon qui l’avait vu arracher une médaille d’argent (sa deuxième), derrière l’intouchable Canadien Damian Warner. Derrière, la quatrième olympiade de l’athlète de 32ans s’est avérée très délicate, marquée par des hauts – un nouveau titre mondial en2022 – et des bas – beaucoup de blessures, de pépins physiques et un abandon lors des Mondiaux 2023.

Malgré son statut, Kevin Mayer a couru pendant des mois après sa qualification. Il n’avait pas assez concouru pour viser une place olympique. Il n’avait d’ailleurs pas achevé un seul décathlon dans la période de qualification. A plusieurs reprises, il a d’abord essayé sans succès de réussir les minima, mettant fin prématurément à des tentatives à Brisbane (Australie) en décembre2023et à San Diego (Californie) en mars. Toujours cette lutte contre son corps, lui qui se targue de connaître son outil de travail avec une précision extrême, mieux que les spécialistes, médecins ou kinés.

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